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I comme

Autour des continents

19 Septembre 2016 , Rédigé par T.B. Publié dans #Poèmes

Je demande l’indulgence une seconde chance

l’ajout de quelques amendements au Grand Protocole

l’ajout de quelques pièces à charge

de la grande plomberie je ne compte plus les fuites

comment dire…

j’ai pris la mesure

j’ai pris de l’envergure

et… j’ai croqué mon cyanure

l’élixir

n’est pas de ce monde

la panacée

n’est pas plus dans l’autre

le promis

en fait il faudrait marquer une belle croix à l’agenda de l’idéal :

remis à plus tard

au terme de l’éternité

c’est-à-dire à jamais

je me sens souvent comme une feuille déposée à terre par l’automne

qui chaque fois devrait remonter à sa branche

et faire un nouveau bourgeon

à rebours de la lassitude et du renoncement dont j’ai fait mes meilleurs amis

mais enfin que dis-je ?

bien entendu le printemps reviendra

la marée remontera le pain lèvera

bien sûr petit je retrouverai un emploi

bien sûr on partira en vacances et tu grandiras

tu verras

tu verras

même si mon histoire ressemble aux mythes anciens

entre fatalité et héroïsme

chaque jour de mon quotidien de fer

me rappelle le défunt âge d’or

quand j’ai connu ta mère

et que je croyais avoir fait des provisions d’amour pour tous les hivers à venir

la semence des aubes dorées

le fruit des cendres solaires

nous entonnions l’hymne sacré

des sacrements le plus sacré

je rangeais méticuleusement mes baisers sur un bout de ta peau

des jardins secrets le plus sucré

l’amour : nos esprits faisaient corps

n’y avait-il pas comme un lit à faire, des draps neufs

à froisser, l’esquisse d’une chorégraphie ?

capturer des possibilités d’étreinte

dans l’archipel de mes pensées

tu occupais au moins cent îles

et je pagayais pagayais pagayais

la chair brait comme un âne

le chant du monde à pierre fendre

tout est à prendre

ou à se méprendre

nous nous sommes mépris peut-être n’étions-nous pas si épris

et voilà qu’aujourd’hui nous nous méprisons

mais moi je dis

ce soleil perdu en banlieue de l‘univers

banale étoile

qui s’étiole

insignifiante montagne dans l’immense

il y a quatre-vingts au moins

continents pour un seul explorateur

ce ne sont pas mes doigts ce sont dix météores

qui sillonnent le ciel de ta peau

ce ne sont pas mes doigts mais dix fers portés au rouge

et ton corps est la neige

tu es l’impératrice dénudée

une simple anonyme que son anonymat écorche

tu es le jardin

tu es le secret retrouvé ou renouvelé

tu es la joie éprouvée

tu es une pomme d’or à croquer et on emmerde tous les dieux

dans la pulpe de tes lèvres et baiser de mer et mon dos est aquarium

je suis prêt je t’en fais le serment à baguer toutes les colombes que tu lâcheras dans mon univers

il pleut des symboles

la mousson est miraculeuse

la rivière sans fin

génération après génération

le rythme des saisons ou l’oscillation de la faux

j’ai la conviction à portée de voix

le poing inscrit dans la main et la volonté en chacun de mes muscles

c’est une vaste pulsation

des centaines de méditerranées stationnées par-delà le goulot

ouvrons toutes les vannes

sous la ligne de flottaison

éclosions

et si le corps l’esprit et la nation sont trois fois prison ?

nous planifierons quatre évasions

et si la panification elle-même était une nouvelle prison ?

et bien… nous improviserons ?

les kilomètres dansent

sous la voûte uniforme

que chaque route salue comme il se doit

ainsi que chaque ville

eu égard à son grade sans doute

un château vient d’apparaître

Limburg est le nom de sa zone de rayonnement

soleil tardif dans la pupille noire de la nuit

les étoiles effrayées par tant de lumières se refusent à nous

les nouvelles s’échangent maintenant en morse

ce sont deux phares

on ne saurait dire lequel est le premier

et puis deux

et deux et deux encore et ainsi de suite

comme une marée montant par paires

il y a les rouges qui fuient et les blancs qui fusent

et il y a un grand rideau opaque tout autour de la scène

les lucioles disparaissent dans les coulisses de notre horizon

c’est peut-être un grand architecte

qui a établi toutes les trajectoires

chacun roule à sa destinée à sa destination

la scansion des grands panneaux bleus marqués de noms étranges

les bourgades endormies ne se retournent même pas à notre approche

les arbres eux-mêmes se cantonnent à découper leur silhouette sur un fond plus obscur encore

il n’y a rien à voir et nous voici prisonniers de nous-mêmes

alors les conversations peu à peu se feutrent et le corps sombre dans le roulis

douce hébétude

parfois une fenêtre tardive s’ouvre et tend les bras

comme pour lâcher des colombes

évidence des rêves

étrange comédie d’images tissée sur la partition du trafic

cette nuit m’en rappelle d’autres

car voici que s’enclenche la mécanique implacable de la souvenance

une nuit passée au sommet du mont Canigou entre le froid

et la pente menaçante

nous n’osions fermer les yeux de peur d’être emportés par la gravité

une nuit d’inquiétude

mais emplie d’étoiles filantes d’introspection et au bout du voyage intérieur

la pâleur nouvelle du ciel

un étrange adoucissement à l’horizon

adieu des étoiles

on se revoit demain à la même heure !

cette nuit m’en rappelle d’autres

passées à scruter le plafond

essayant de percer quelques mystères via les périphériques brouillés de mes sens

attendant le miracle sommeil

cette nuit m’en rappelle d’autres

fiévreuses à la poursuite d’une chimère ivresse ou plaisir

et la peau déployée comme un immense drapeau

qui prenait tout le vent du monde

à la cime d’un rêve partagé

cette nuit m’en rappelle d’autres encore

celles dont on revient l’âme comme rajeunie

si pas complètement guérie

cette nuit me rappelle toutes nos nuits

le long serpent de la mémoire s’entortille encore

ne finira donc t’il jamais ?

hydre donc chaque carrefour coupe les têtes

les psychanalystes l’enfourchent pour le dompter

mais lui seul sait qui est le berger et qui le troupeau

et bientôt je rêve de printemps

de reverdissements de morts à rebours

d’inversions inopinées

de corps chus qui se relèveraient

d’êtres déchus qui deviendraient leurs propres sauveurs

de mauvais choix qui seraient à refaire

ma raison dit ridicule moi je réponds spatial

j’ai l’esprit vaste comme l’univers

aussi ne me parle plus et endors-toi

endors-toi réalité

immondice

chimère

comme le bois souvent s’alliait à la pierre ancienne

au pied des escaliers attendent tant de sans-abris

peut-être le dernier métro qui les emmènera vers la dignité

que certains leur refusent

alors qu’à l’étage supérieur les boutiques butinent les passants

chaque branche fleurit de mille bourgeons c’est la restauration italienne, asiatique ou rapide

c’est l’artefact ou l’artifice

et quelques havres clairsemés où mouille en paix l’artisanat local

les bras sont musclés dans les ateliers et les visages burinés

les corps épais les mains calleuses les jambes dans la boue

l’escalator social est en panne – prière de monter à pied

celui qui, assis sur un tas immense, pleure

celui qui a réuni sa famille

celui qui creuse chaque jour

un poids sur l’âme

les épaules basses

l’humeur à la baisse

l’esprit à la baise

assurer

les

fonctions

vitales

manger dormir un minimum de travail et un quignon de plaisir

celui qui se dérobe à moi chaque fois que je me demande :

mon dieu, que nous réserve l’année finissante ?!

j’ai envie de dire : « merde ! »

je prendrai le pouls du vent et

le vent en pleine gueule

hé ça vaut la peine de gueuler !

rien que pour faire tourner le moulin des pensées

le monde court vraiment trop vite

pour mon petit cœur de rien du tout

ma main à peine assez grande pour une poignée de terre

mon double poumon pour une bouffée d’air

et tant d’histoire(s) pour ma si petite mémoire

les traits de l’orage et les traits de ton visage

cueillir aux mains de singe

les fleurs broussailles des songes

un mot suffit à convoquer tous les astres :

galaxies !

c’est une fleur que chaque mot

oserai-je avouer avoir mal au dos

d’en avoir tant et tant cueillies

chacun chasse ses grizzlis

je répugne au meurtre

l’idée même m’en heurte

en chaque tronc coule un rêve

fleuve sans barrage paix sans trêve

le marin a ses vagues et le fruit de la treille

la chanson du large plein les oreilles

ne l’ancre pas à terre : chômage,

on rêve moins loin depuis la plage

et crois-moi sur parole quand je dis :

l’usine n’est pas l’avenir des peuples

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C
Fantaisy<br /> Un jour j'ai trouvé un poster,un jour j'ai réouvert ton blog .<br /> Méritocratie littérature.<br /> Jolis ,crescendo.<br /> À bientôt encore j'espère.
Répondre
T
Voici qui est pour le moins mystérieux! Je lis ce commentaire comme un énigme que je ne suis pas certain de pouvoir déchiffrer. Le monde est un cryptogramme...