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I comme

L'hiver politique impose le port de la fourrure vocale

7 Janvier 2017 , Rédigé par T.B. Publié dans #Poèmes

 

J’ai parlé pour les anges téléscopés du bout de l’univers ; j’ai parlé pour faire naitre des étoiles et au fond des gouffres où rauquait mon ancien ami ferré ; j’ai parlé sur le courant tambour de la vie des fonds de vallées qui s’écoule urètre des beautés aux commissures des roches presque éternelle ; presque aussi éternelles que mon espoir ; j’ai parlé comme on se tient debout à la proue d’un navire que je n’ai jamais pris pourtant ; j’ai parlé par la soif insatiable qui pousse les saumons dans le flux des rivières ; j’ai parlé si parler c’est se dresser dans le vent ah le vent ne se capture pas mon amour photographie ; j’ai parlé j’ai su parler quand de la brume ubiquitante aucun éclair ne déchirait plus le sombre amer et j’étais sur le point de couler ; j’ai su écouter les paroles telluriques de la cheminée et du grillon ; j’ai su parler ; j’ai su parler j’ai su respirer j’ai su reprendre le flambeau qui commandait de terminer cette rupestre œuvre sur quelconque paroi du cœur humain ; j’ai su parler quand parler c’était ne pas s’évanouir ne pas céder au cri immobile qui entoure les mémoires fragiles ; j’ai su parler peut-être dès lors que les couleurs du ciel mourant se sont insinués au plus protégé de mon naos imaginaire ; oh j’ai su parler pour d’anciens dives sentiments versés dans la grande barrique de mes sens ; j’ai su parler aussi pour les boucs saltimbanque et dangereuses routes qui sinuent à la crète des montagnes sans que l’on sache dire vraiment si elles grimpent ou chutent ; j’ai su parler quand mon destin le beaupré se dressait haut fendant tout vague sur son chemin sise ; olééééééé ; j’ai su parler comme ces cent taureaux déversés dans les rues festives un jour de l’an semblable à nul autre quoi qu’en disent les calendriers ; j’ai su parler lapithe au pays centaure et centaure au royaume lapithe et tous m’ont compris ? j’ai su parler parfum aux sourds et octave suave aux aveugles ; j’ai su parler Pount, Souabe et tous les pays nommés de l’émietté merveilleux sous le doigt des poètes au métier-à-myther ; j’ai su la vocalise juste au diapason du sexe ; j’ai su entendre oui la chanson marginale des flots oubliés en de vagues canals que ne fréquentaient que d’immorales péniches ; j’ai su éviter oui la morale fragile qui pendait au terme de chaque historiette ; j’ai su parler mon dieu plus haut que les édens culminants plus haut que l’éros des jeunes filles plus haut que le désir du printemps plus haut encore qu’un kilimandjaro de mes rêves où la longue liste des crimes humains n’avait plus de prix et que le vent emporta ; j’ai su parler si le vent est ce moulin où je jacule mes cent mille mots émaux ; j’ai su peindre d’une larme la bordure de ma fenêtre oculaire face à la méchante litanie de la potence ; j’ai su parler quand aux rostres de mon pays tonnaient des voix blessantes aux écoutilles de la fraternité ; j’ai parlé mon ami mon concitoyen mon camarade mon inconnu j’ai parlé du seul témoignage possible de mon inique fragilité ; je veux dire que je suis une malingre tige en ce pays de vent d’herbivore ; une tige que dis-je à peine une tigeounette une petite chose de rien du tout que le vent souffle et que l’herbivore recycle dans sa grande boîte à avenir ; dans sa grande boîte à avenir je n’ai trouvé aucune place pour le mien alors j’ai parlé ; non ?

 

 

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