Le chant d'Alexandre
Pour tout oripeau ton costume de trois sous
Écorche à vif la fleur d’ta peau sise dessous
En cène ceci est ton corps sera ton sang
Vas, tire le rideau ton tour de piste attend
A tire-larigot la foule mande son astre
Range ton égo ta faim quémande ses piastres
Ronge tes ergots, bénis le joug du destin
Il faut payer, apôtre éteint, le prix du pain
Le Golgotha se dérobant sous chaque pas
Tes deux bras ne peuvent que l’ombre de ta croix
Folie te fut vérité te sera trépas
La liberté est ce que nous laissent les rois
Le pitre s’exécute, à telle roue astreint
Rugit la foule, avide qu’hurlent cœur et reins :
Qui suis-je, qu’est-ce, qui êtes-vous, sommes-nous ?
Les plus rampantes bêtes aux glorieux genoux
D’allégeance jamais rassasiés, ô puissants
Ne serez donc vous jamais sevrés de ces sangs
Versés dès qu’un serf brise la loi, le cadastre
En fers récompense toujours la main qui castre
Saintes les lois qui sont vôtres ô divins maistres
Vos terres, vos apôtres, votre vin, vos prestres
Nous offrent l’échine, la sueur et les reins
Pour toute richesse notre cœur nos deux mains
Et leurs jardins, côté cour nos frères les fous
Enchainés aux rires portent même licou
Meurent de solitude payent le prix des grands
N’auront jamais ce luxe de partir cinq cent
Le Golgotha se dérobant sous chaque pas
Tes deux bras ne peuvent que l’ombre de ta croix
Folie te fut vérité te sera trépas
La liberté est ce que nous laissent les rois
Ton âme s’embrase à vouloir sortir du rang
L’hérésie te nourrit d’espoirs délirants
Qu’à l’orient sourde un Jésus un Zoroastre
Qu’annonce un soleil flambant neuf du haut des rostres
La fin de l’histoire ou le jugement divin
Qu’un sage arme mieux l’esprit du menu fretin
Qu’enfin plèbe et misère cessent d’être époux
Qu’ils payent, aristocrates, le prix des poux